Laurent Gbagbo, le pouvoir, et l'affaire Kieffer

Publié le par Blog d' Adolphine Dibangui

Le 10 décembre, 6 jours sa prise  du pouvoir  Laurent Gbagbo dit vouloir négocier avec Allassane Ouattara désigné président par la Commission Electorale Indépendante. Un Gbagbo qui fut  sacré président par un Conseil Constituionnel impartial dont le président se voulait être un proche ami de Laurent Gbagbo,  Conseil Constituionnel qui par ailleurs a, pour ce, foulé au pied l'Ordonnance sur l'organisation des élections, notament en ses articles  47 et 64.  Le Conseil constitutionnel se devant par ailleurs, d'assurer le respect des lois consitutionnelles, et donc de dire le droit.  Laurent Gbagbo  semble donc clairement avoir voulu s'apporpier de force le pouvoir. Toutefois un mystère demeure, pourquoi?

Hormis, le fait que cela est des plus courant dans les démocraties de façade africaines, dans lesquelles, en politique, détention du pouvoir  rime très souvent non pas avec usus du pouvoir mais avec abusus du pouvoir, on pourrait aussi s'interroger sur l'impact de l'affaire Kieffer quant à  l'attitude de Laurent Gbagbo. Une affaire Kieffer, journaliste franco-canadien qui menait une enquête sur  le financement de la fillière cacao et sur le transfert d' "usages" enlevé et assassiné en 2004 à Abidjan, une affaire qui on se rappelle impliquait des ministres de l'économie Paul Antoine Bohoun Bouabré, et de l'intérieur Kadet Bertin ainsi que  e directeur de la Banque nationale d’investissements (BNI), Victor Nambelessini Silué travaillant pour le gouvernement Gbagbo. Les Gbagbo ayant d'ailleurs été impliqués par un témoignage qui laisse entendre que tout se serait passer autour du Palais présiidentiel.

Gbagbo disposant de l'immunité en tant que chef d'Etat, l'affaire Kieffer pourrait donc être une des raisons pour laquelle ce dernier s'est emparé  du pouvoir par le biais du Conseil Constitutionnel  en violant l'ORDONNANCE No 2008-133 DU 14 AVRIL 2008 PORTANT AJUSTEMENTS AU CODE ELECTORAL POUR LES ELECTIONS DE SORTIE DE CRISE  en ses articles 47 et 64 qui disposent:

"Art 64 nouveau: Dans le cas où le Conseil Constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d'ensemble, il prononce l'annulation de l'élection et notifie sa décision à la Commission Électorale Indépendante qui en informe le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et le Représentant Spécial du Facilitateur à toutes fin utiles.
La date du nouveau scrutin est fixée par décret pris en Conseil des Ministres sur proposition de la Commission Électorale Indépendante. Le scrutin a lieu au plus tard quarante cinq jours à compter de la date de la décision du Conseil Constitutionnel.

Art 47 nouveau :En cas d'évènement ou de circonstances graves, notamment d'atteinte à l'intégrité du territoire, de catastrophes naturelles rendant impossible le déroulement normal des élections ou la proclamation des résultats, le Président de la Commission Electorale Indépendante saisit le Conseil Constitutionnel aux fins de constatation de cette situation et informe le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et le Représentant Spécial du Facilitateur.

Le Conseil Constitutionnel décide dans les vingt quatre (24) heures, d'arrêter ou de poursuivre les opérations électorales ou de suspendre la proclamation des résultats.
Le Président de la République informe la Nation par message. Il demeure en fonction.
Dans le cas où le Conseil Constitutionnel ordonne l'arrêt des opérations électorales ou la suspension de la proclamation des résultats, la Commission Electorale Indépendante établit et lui communique quotidiennement un état de l'évolution de la situation et elle le communique au Conseil Constitutionnel, au Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et au Représentant Spécial du Facilitateur.

Après constatation de la cessation de ces événements ou de ces circonstances graves, le Conseil Constitutionnel fixe un nouveau délai qui ne peut excéder trente (30) jours pour la proclamation des résultats et quatre vingt dix (90) jours pour la tenue de l'élection."

D'ailleurs comme l'annonçait RFI ce matin, le procès des anciens dirigeants sur la fillière cacao sur laquelle enquêtait le journaliste et qui devait avoir lieu le 14 décembre,  a été reporté pour le début de l'année prochaine.

 

Par Adolphine Dibangui

Publié dans Politique africaine

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